• Articles
  • Contributeurs
  • Blog
  • A propos des Cahiers
  • Prochain numéro
Les Cahiers Menu
  • Le Voyage
  • La rue
  • Le baroque
  • Le fake
  • Manger ensemble
  • L'amour
  • Technomagie
  • Le luxe
  • La barbarie
"Il aura de l'air frais là, Gilbert” dit quelqu’un au petit cimetière qui domine le Plateau de Moye où nous avons accompagné Gilbert Durand, parmi les images de la montagne et de la neige. Michaël V. Dandrieux (11.12.2012)

Laudatio

Manger ensemble
Une contribution de Michel Maffesoli
Photographies de Michaël V. Dandrieux
cei5_michelmaffesoli
Acheter
Le 12 décembre 2012 Gilbert Durand a été accompagné à sa dernière demeure dans le petit cimetière de Moye en Savoie. Michel Maffesoli, co-fondateur avec Gilbert Durand des Cahiers de l’imaginaire, Directeur du Centre de Recherche sur l’Imaginaire, ami de Durand depuis le temps où celui-ci dirigea sa thèse de troisième cycle, puis sa thèse d’Etat, a prononcé en son nom et en celui de tous les membres du Ceaq et des autres laboratoires rattachés au CRI l’éloge funèbre rendu au grand professeur d’anthropologie sociale et culturelle que fut Gilbert Durand.
  • fr
  • en
  • it
  • de
  • es
  • pt

En ce moment douloureux à nos esprits et à nos âmes, il s’agit, bien sûr, d’adresser un salut filial et fraternel à Gilbert Durand. Le lieu de cette cérémonie nous y incite, qui rappelle que ce qui est essentiel au vivre ensemble est bien la communauté spirituelle. Mais je ne peux pas ne pas dire, fût\-ce brièvement, qu’il a été, pour beaucoup d’entre nous, le professeur Durand. Et, en tant que tel, reconnu comme un maître.
« Magister », celui dont la parole fait autorité. C’est à dire celui qui fait croître, qui donne un surplus d’être dans cette quête initiatique qu’est toute démarche intellectuelle de quelque authenticité ! Maître est celui qui permet de retrouver la parole perdue, dont tout un chacun a une grande nostalgie.
De cette maîtrise, je peux en témoigner, quand, aux quatre coins du monde, j’entends la reconnaissance qui est la sienne. Il m’est, souvent, venu à l’esprit cette expression « d’Orients mythiques » \(élaborée avec son ami, Henri Corbin\), lorsque à Sao Paolo, Mexico, Séoul ou Tokyo, j’évoquais sa figure tutélaire. Evocation trouvant un écho, immédiat, auprès de collègues auxquels je m’adressais. Ces derniers temps des interrogations sur sa santé, montraient également l’attachement à l’homme chaleureux qu’il était pour beaucoup.
Cette autorité m’a frappé, en recevant, ces derniers jours, les dizaines, les centaines, de réactions attristées à l’annonce de son départ pour cet Orient dont j’ai parlé.
Réactions qui, toutes, soulignaient la grandeur de son œuvre et la nécessité de maintenir, fermement, de développer la lumière ayant illuminé nombre d’entre nous. Car on ne le dit pas assez, et Gilbert Durand le rappelait souvent, la vraie connaissance est toujours l’aboutissement d’une illumination dont on retrouve les échos dans toutes les traditions culturelles.
Oui, dans un milieu intellectuel on ne peut plus désorienté, ce tout petit monde dominé par ceux qu’il nommait ironiquement les « quiétistes scientistes », il avait su, d’une manière souterraine, réorienter nombre de débats contemporains.
Et je fais le pari qu’une telle orientation va connaître un essor insoupçonné pour la « science de l’homme » souchée sur la pure et authentique tradition.
Peut\-être aussi, en sa présence absente, convient\-il de lui dire, en guise de salut, que l’on va contribuer au rayonnement de ce qu’il a initié.
Car, il faut le dire sans crainte, il existe bien un « collège invisible » qui s’était réuni autour de l’homme Gilbert Durand et de son œuvre.
On me presse d’organiser un hommage à la Sorbonne, comme un écho postmortem à celui qui lui fut rendu à Ottawa, ou à ceux qui dans de nombreuses universités lui sont, ces jours\-ci, rendus. Ce sera fait rapidement.
De même, le directeur de la Casa Eranos à Ascona m’a déjà proposé d’organiser une journée en son honneur, en la villa « Gabriella » qu’il a tant aimée, et où l’on sent l’ombre de sa présence. Ce sera fait.
Et bien sûr, ce manuscrit qu’il m’avait confié, il y a peu, et que j’ai, de suite, remis à un éditeur. Ce manuscrit auquel il tenait tant : « Testament intellectuel, disait\-il. Il faut le publier. » Ce sera fait.
Puis\-je, à titre personnel, rappeler ce que je lui dois ?
Non pas par simple narcissisme, mais bien comme illustration d’un « universel concret » que l’agrégé de philosophie qu’il était connaissait bien.
C’était, curieuse synchronicité, en décembre 1972, quarante ans déjà ! C’était à Chambéry, dans le bureau de ce Centre de Recherche sur l’Imaginaire qu’il avait fondé et auquel il tenait tant. Il avait accepté de diriger ma thèse de troisième cycle. Je ne sais pas pourquoi, ma thèse étant en sociologie, nous évoquâmes le livre de Hermann Hesse : « Le Jeu des perles de verre », ainsi que « l’ère de la page de variétés » dont cet auteur parlait.
L’éternel combattant, voire le résistant qu’il était, entendait lutter contre une telle facilité, c’est\-à\-dire contre ce danger qu’est l’absence de pensée qui menaçait déjà l’université. Il m’a, dès ce moment\-là, associé à cette lutte qu’il a poursuivie avec constance dans les instances d’évaluation du Ministère de l’enseignement supérieur, au CNRS, ou dans les débats d’idées qu’il a menés en parfait « chevalier » qu’il était.
Notre accord fut immédiat et inaugura notre longue collaboration : thèse d’Etat, glissement du Centre de Recherche de l’Imaginaire à la Maison des Sciences de l’homme à Paris, le colloque de Cerisy autour de son œuvre et les diverses rééditions de ses livres, en particulier aux CNRS Editions qui vont poursuivre ce travail.
Dans tous ces cas, le collège invisible \(le réseau des groupes de recherches participant au CRI\), au cas particulier dont je viens de parler, ce que je retiendrai, c’est que le professeur Durand fut prodigue d’une « manna absconditum », cette manne secrète et vivifiante qui nourrit, en sa traversée du désert, le peuple d’Israël, lui qui fut déclaré « juste » par ce même peuple, il sut nous en faire profiter. Avec générosité et en abondance.
Porte\-voix de tous les chercheurs des centres de recherche sur l’imaginaire, répandus en de nombreux pays, je peux assurer qu’issue d’une âme et d’un esprit généreux, l’œuvre de Gilbert Durand, véritable centre de l’union, va continuer à rayonner.
Il est une phrase qu’il rappelait souvent \(et que je redis à mes étudiants »\), phrase le définissant parfaitement, et que je lui adresse à mon tour : Professeur Durand, nous aussi, nous mettrons notre honneur dans la fidélité !
Michel MaffesoliProfesseur à la SorbonneDirecteur du Centre de Recherche sur l’ImaginaireMembre de l’Institut de France

  • portrait_michelmaffesoli
    Michel Maffesoli est le président et le fondateur, avec Gilbert Durand, des _Cahiers Européens de l’imaginaire_. Professeur émérite à la Sorbonne, membre honoraire de l’Institut Universitaire de France, il est docteur honoris causa de plusieurs universités. Parmi ses derniers ouvrages : _L’Ordre des choses_ (2014), _La France étroite_ (2015) et _La parole du silence_ (2016).
  • portrait_michaelvdandrieux
    Michaël V. Dandrieux, directeur éditorial des Cahiers, est co-fondateur de l’institut d’études Eranos, où il fait de la sociologie de l’imaginaire, chercheur associé au Ceaq (Sorbonne) et directeur du Lab de l'agence Hands. Il pratique le développement collaboratif sur Github, la cuisine de l’Escoffier, la photographie argentique, la clef des songes et le vin nature. En 2014, il a parcouru 135 231km en avion à la recherche des différences et des continuités du monde. En 2015 il a réduit son bilan carbone de 6 tonnes, en partie grâce au vélo.
plus
●
logo_white
  • Français

    Les Cahiers de l'Imaginaire sont une revue de sciences humaines fondée en 1988 par Gilbert Durand et Michel Maffesoli.

    Les thèmes qui s'y sont succédés depuis sont dans toutes les têtes. Le corps, les socialités mystérieuses, les révélations politiques, les îles et la divinité continue, l'algèbre secrète des rêves, les formes infatigables du quotidien et de la fiction, les époques et leurs magies contradictoires, la fête et l'âme composent ces pages précieuses.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire perpétuent ces idées : trouver les mots les moins faux pour dire les imaginaires contemporains, porter et peupler nos mythologies tout à la fois, et donner à la curiosité de chacun la langue de l'autre, pour accompagner les mouvements de vie de l'Europe.

  • Italiano

    Les Cahiers de l'Imaginaire sono una rivista di scienze umane e sociali fondata da Gilbert Durand e Michel Maffesoli nel 1988.

    I temi da allora trattati risuonano sonoramente nel nostro pensiero: il corpo, l'attrazione sociale, le rivelazioni politiche, le isole immaginarie, le divinità, l'alchimia dei sogni, le forme torrenziali del quotidiano e della finzione, le magiche contraddizioni della storia e le multiple festività che marcano il nostro tempo popolano le preziose pagine della rivista.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire tentano e si dilettano a trovare le parole meno false possibile per nominare gli immaginari contemporanei, a decriptare le mitologie emergenti nella vita quotidiana e a porre in relazione le lingue e le culture presenti nel vecchio continente accompagnandone le trame e il vissuto.

  • Castellano

    Les Cahiers de l'Imaginaire son una revista de ciencias humanas fundada en 1988 por Gilbert Durand y Michel Maffesoli.

    Los temas que sucedieron su fundación están en todos los pensamientos. El cuerpo, las socialidades misteriosas, las revelaciones políticas, las islas y la continua divinidad, el algebra secreta de los sueños, las formas infatigables del cotidiano y de la ficción, las épocas y sus magias contradictorias, la fiesta y el alma, componen sus preciadas paginas.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire perpetúan esas ideas: encontrar las más adecuada de las palabras para expresar los imaginarios contemporáneos, al mismo tiempo que llevar y poblar nuestras mitologías, y dar a la curiosidad de cada uno de nosotros la lengua del otro, acompañando así los movimientos de vida en Europa.

  • English

    Les Cahiers de l'imaginaire is a social science review, founded in 1988 by Gilbert Durand and Michel Maffesoli.

    It explores the varied meanings within and beyond the body, mysterious social systems, political revelations, the isolated and continuous divinities. The secret algebra of dreams, the inexhaustible forms of the mundane and the fictitious, the ages and their contradictory magic, the festival and the soul are the stuff that fill its precious pages.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire perpetuates these ideas: finding the least false words to describe the contemporary imagination, sustaining and populating our mythologies, sharing our respective languages with each-other, in concert with the movements of the living Europe.

  • Portuguès

    Les Cahiers de l'Imaginaire é uma revista de ciências humanas fundada em 1988 por Gilbert Durand e Michel Maffesoli.

    Desde sua fundação, são abordados temas de diversos campos do pensamento. O corpo, as relações sociais misteriosas, as revelações políticas, as divindades isoladas e contínuas, a álgebra secreta dos sonhos, as incansáveis formas do quotidiano e da ficção, as diversas épocas e respectivas magias contraditórias, a festa e a alma fazem parte de suas preciosas páginas.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire perpetuam tais idéias: encontrar as melhores palavras para expressar os imaginários contemporâneos, ao mesmo tempo em que suporta e povoa nossas mitologias, e oferece à curiosidade de cada um a palavra do outro para acompanhar, assim, os movimentos de vida da Europa.

  • Deutsch

    Les Cahiers de l'Imaginaire ist eine sozialwissenschaftliche Revue, gegründet 1988 von Gilbert Durand und Michel Maffesoli.

    Sie adressiert Themen, die sich in allen Köpfen wiederfinden. Der Körper, mysteriöse soziale Systeme, politische Enthüllungen, isolierte und kontinuierliche Göttlichkeit, die geheime Algebra der Träume, die unerschöpflichen Formen des Alltäglichen und des Fiktiven, die verschiedenen Zeitalter und ihre widerspruchsvolle Magie, das Fest und die Seele füllen ihre wertvollen Seiten.

    Les Cahiers européens de l'Imaginaire führen diese Ideen fort: die treffendsten Worte zu finden, um das zeitgenössisch Imaginäre zu beschreiben, unsere Mythologien gleichzeitig zu erhalten und zu nähren, und unsere verschiedenen Sprachen miteinander zu teilen, im Gleichschritt mit dem Puls des europäischen Lebens.

© 1988-2015 Les Cahiers européens de l'imaginaire • Contact us on Twitter and Facebook • Website made by Hands