
Au lieu de ne considérer cette vie-ci que comme pure aliénation, les activités matérielles vouées à la reproduction de la force de travail comme une exploitation, plutôt que d’investir dans des économies et dans des actions politiques censées préparer un monde futur où couleront le lait et le miel, l’intérêt pour la cuisine, le réinvestissement du goût, des repas communs, des échanges de recettes et d’adresses est la manifestation même du présentéisme qui caractérise la société actuelle. Manger et boire ensemble c’est retrouver l’âme du monde, celle qu’on sent également dans la sensibilité écologique, dans la religiosité ambiante, dans les résurgences mystiques. Une activité quotidienne qui est aussi, véritablement, un ciment de l’être ensemble, une éthique de l’esthétique