
Emmanuelle a publié dans Les Cahiers
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Le damier
J’étais à Orly, le 31 août dernier. Tous les ans, à la fin de l’été, je m’attendris de retrouver ce temps gris, qui revient invariablement, plombé et bizarrement suave. J’aime la manière nonchalante, mais intraitable qu’il a d’étouffer
le brasier estival en laissant dévaler ses nuages pachydermiques, qui s’affalent sur notre excitation, entombent notre joie verte. Partout, les gens bougent lentement, dans un bien-être lourd. -
Le festin de Babette
Les baquets gris se sont transformés en casseroles de cuivre, et sur celles-ci se reflètent le sang de la viande, celui du vin, la plénitude du blanc de la crème fraîche et le noir profond du caviar, le jaune pétillant du champagne, le plateau de fruits, la figue qui se découpe dans toute son obscénité.