
Hélène a publié dans Les Cahiers
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Manger : voir et se faire voir
La cuisinière traditionnelle devrait être très énervée de ces invités impolis qui, au lieu de goûter avec leurs papilles et commenter gastrodoctement ces plats si longs à préparer et si vite avalés, se tortillent en tous sens pour en envoyer l'image sur les réseaux sociaux. Mais ne serait-ce pas là une forme baroque du repas que cette diffusion fugitive de l'aliment, image autant que goût, mémoire répétitive autant qu'évènement cérémoniel ?
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La vraie cuisine est celle qui fait rêver
C'est au travers de la cuisine que l'on revient le mieux sur les distinctions classiques du
vrai et du faux, de l’authentique et du sincère. Du Hachis Ho-Chi-Minh à la tarte Tatin, des
souhaits aux cadeaux : voici comment se déploie le fake dans la vie quotidienne de nos
cuisines. Nous livrant une recette de tarte Tatin aux mangues, l’écrivaine nous invite à
nous interroger sur ce qui fait la “vraie” popote. -
Dire la vérité aux malades
Le rapport entre les médecins et les malades a été profondément transformé par l’obligation faite aux premiers de « dire la vérité au malade ». Cette injonction sape le rapport de confiance qu’ils pourraient nouer, Car à l’échange entre humains mortels, on substitue la froide vérité des moyennes statistiques. Empêchant ainsi chaque mourant de vivre sa fin de vie en instant éternel.
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Cueillons, faisons, buvons le Genépi, la boisson de l’harmonie
C’est la boisson parfaite d’une fin de repas ou de réunion, quand il s’agit de faire retomber l’excitation des débats autour d’un plat de choucroute et d’une bouteille de vin blanc. Le Genépi ne fait pas pétiller les esprits, il les apaise et les rend joyeux, comme après une belle escalade en montagne.
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Gastronomie, gastrosophie, le mystère des goûts
La Gastronomie prescrit et pèse, elle offre des recettes bien normées. La gastrosophie, au contraire, s’inscrit dans la vie quotidienne, elle est essai et remémoration, partage communautaire et épuisement dans l’instant. Manger ensemble, cuisiner pour les autres, partager ses recettes, autant de facettes de notre présence ancestrale et actuelle au monde.
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Recettes pour conserver son amour
Il est des sujets sur lesquels on a envie d’être grossièrement réactionnaire, c’est-à-dire en revenir à l’archaïque, à l’archétype, peut-être même à une forme de stéréotype. L’alliance cuisine et amour en est un, peut-être le plus emblématique pour la génération des seventies. Ne sommes nous pas les femmes à qui on a seriné, dès leur jeune âge, en tout cas dès leur majorité, que c’en était fini de la femme au foyer, de la femme aux fourneaux, voire de la femme aux seins allaitant. La femme n’est plus nourricière, peut-être d’ailleurs n’est-elle même plus mère. D’abord “femme” disent-elles ! Et pourtant, doit-on renoncer à la cuisine de l’amour, à l’expression par la nourriture préparée de l’amour que je lui porte, que je leur porte, de l’amour du monde ? Tant pis, je ferai mien l’adage selon lequel une femme attire l’homme par le sexe et le conserve par le ventre. La cuisine de l’amour est celle du féminin par excellence, elle est tout autre chose que la cuisine de l’amoureuse, que la cuisine de l’intime, elle est cuisine pour les autres, ancrée dans une communauté, cuisine d’un territoire et d’une histoire.
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Le robot, ou la réhabilitation de la tradition en cuisine
Je dois dire que j’aime encore faire la crème anglaise, la sauce béarnaise et même la sauce béchamel à la main, dans une casserole de cuivre, en tournant avec une cuillère en bois. Parce que je n’aime pas concéder à Kchef, un robot de cuisine, la jouissance de ce moment particulier qu’est la transition du liquide au solide. La petite peur qu’on ressent à chaque fois, car c’est le moment où la mixture peut tourner, souvent avant cela l’impatience, puis la jouissance totale, quand on sent, sous la cuillère la crème se lisser, la sauce se solidifier.
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Prendre le temps de faire la cuisine
Ingrédients : Du temps ; une histoire ; des adresses dans la ville ; une petite tribu de convives.