
Jean-François a publié dans Les Cahiers
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Faux-semblants et simulacre
Il faut toujours revenir à Platon et à la caverne. Elle n’éclaire pas seulement ce que nous
appelons la réalité, elle met aussi à jour l’invasion d’images que cette réalité subit à tout
moment. Ce qui paradoxalement définit le monde vrai, en effet, c’est la fausseté des
apparences qui l’accompagne et se substitue à lui, comme si l’ombre parvenait à occulter
la lumière. Ce trouble jeu des apparences est souvent exprimé par le mot anglais fake qui couvre le champ du grec phantasma et du latin simulacrum. Il signifie « imitation », « faux», « imposture », et proviendrait du vieux mot facen, « déception », « fraude », ou du norvégien fjuka, « effacer » et « disparaître ». On l’a également rapproché du latin facere,
« faire » et « fabriquer », ce qui souligne l’aspect factice de sa production. Quelle qu’en soit
l’étymologie, le terme de fake met en évidence la facticité d’une existence qui s’évanouit de fantasmes en simulacres sans jamais produire de réalité stable. On pourrait rendre le fake, presque mot-à-mot, par le facsimile anglais que le français a reproduit en fac-similé. -
La barbarie de l’art
L’art contemporain se reconnaît à sa prétention à esthétiser n’importe quel objet pour en faire une chose, une situation ou un événement censés relever de l’art. Echappant au domaine artistique, ces tentatives sont les manifestations d’un art de la régression, c’est-à-dire un art barbare : le Barb-Art. Le refus de la dimension artistique est le signe de la tentation destructrice qui traverse l’art contemporain et certaines de ses productions, renvoient au nihilisme latente de nos société et à ses penchants barbares.